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Patristique\Polycarpe




Lettre de Polycarpe aux Philippiens

Introduction

1Né de parents chrétiens aux environs de l'an 30 Polycarpe fut établi presbytre de l’église de Smyrne, aujourd'hui Izmir en Turquie. Smyrne était une ville portuaire de la province turque de l'Ionie, célèbre surtout comme place de commerce, située à 55 kms au nord d'Ephèse, à l'embouchure du Mélès, sur un golfe de la mer Egée, à laquelle elle avait donné son nom. Fondée, par les grecs, (on la disait fondée par l'amazone Smyrna), elle était peu de chose à ces débuts ; détruite par les Lydiens, elle resta presque déserte pendant quatre cents ans, mais se releva d'après Strabon, sous Antigone, puis, renversée par un tremblement de terre en 178, fut à nouveau restaurée par Marc Aurèle, et atteignit sous les empereurs romains le plus haut degré de prospérité. Ses rues pavées se croisaient à angle droit. Le christianisme y avait été annoncé de bonne heure, et une église y avait été fondé. - Rev 1,11 2,8

2Se sont les Apôtres eux-mêmes, qui imposèrent les mains sur Polycarpe, puis, quelques temps plus tard, ils le chargèrent de toute l’Asie. Dans son vieil âge, Polycarpe fut arrêté par Hérode, sous le pontificat de Philippe de Tralles. Statius Quadratus était alors proconsul de la province d’Asie et Polycarpe ‘’souffrit le martyre le second jour du mois de Xanthice, sept jours avant les calendes de mars, le jour du grand sabbat, à la huitième heure’’. (Martyre 21) Les Calendes étaient une fête romaine en l’honneur du dieu Mars, la fête durait dix jours et était organisée chaque fin d'année.

3Nous connaissons l’âge exact de Polycarpe au moment de sa mort car il écrit au jour de sa mort : (23 février 116) ‘’Il y a quatre-vingt-six ans que je sers le Christ et Il ne m’a jamais fait aucun mal. Comment pourrais-je blasphémer mon Roi et mon Sauveur ?’’ (Polycarpe MT 14) Nombre de renseignements de première valeur font connaître ce presbytre du christianisme primitif, que fut Polycarpe qui avait aussi été l'ami intime de l'Apôtre Jean : Les trois lettres d'Ignace d’Antioche : celles qu’il adresse aux Éphésiens, et aux Smyrniotes : ‘’C’est de cette ville (Smyrne) que je vous écris, aimant Polycarpe comme je vous aime vous-même’’. (Eph. 21,1) Il écrira personnellement à Polycarpe : ‘’Je rends hommage à ta piété solidement établie comme sur un roc inébranlable’’. - Ignace à Polycarpe 1

4La Lettre de Polycarpe lui-même, aux Philippiens ; le compte rendu du martyre, les indications fournies par Irénée, qui a reçu lui-même l'enseignement de Polycarpe, et qui le rappelle dans sa correspondance à Florinus, au pape Victor : ‘’Je puis témoigner en face de Dieu que si ce presbytre bienheureux et apostolique avait entendu quelque chose de semblable à ce que tu dis, Florinus, il aurait poussé des cris et se serait bouché les oreilles, en disant, selon qu’il était accoutumé : ‘’O Dieu bon, pour quel temps m’as-tu réservé, pour que je supporte cela ?’’ Et il se serait enfui du lieu dans lequel, assis ou debout, dès qu’il aurait entendu de telles paroles’’. - Irénée, Lettre à Florinus, citée par Eusèbe, H.E. 5,20,7

5Irénée cite les nombreuse lettres que Polycarpe envoyaient aux églises pour les encourager : ‘’Par les lettres qu’il envoyait, soit aux Églises voisines pour les affermir, soit à certains frères pour les avertir et les exhorter’’. (Irénée, A Florinus, citée par Eusèbe. HE 5,20) Et dans 'Contre les Hérésies' où il écrit : ‘’Il se souvient en cela de l’exemple de Jean, son maître : Certains ont entendu Polycarpe conter que Jean, le disciple du Seigneur, étant allé aux bains à Éphèse, aperçut Cérinthe à l’intérieur ; alors, sans se laver, il bondit hors de l’établissement : ‘’Sauvons-nous, dit-il, de crainte que les bains ne s’écroulent puisque Cérinthe, l’ennemi de la vérité, est à l’intérieur !’’ - Irénée, HE 3,14-16

6On peut aussi lire : 'La Vie de Polycarpe', de Pionios, qui offrent de données historiques sûres : Pionios, (Pionius ou Pione) sans doute grec d'origine, fut presbytre de l’église de Smyrne. Il est l'auteur de ‘La vie de Polycarpe’ et d'une petite collection dite : ‘Corpus de Polycarpe’. Il fut arrêté le 23 février, jour anniversaire du martyre de Polycarpe, martyrisé et brûlé vif le 12 mars en 250 sous le règne de Dèce. Il est reconnu par les Églises catholique et orthodoxe.

7Tous témoignent de la place tenue par le presbytre martyr dans la mémoire de l'Église primitive d'Orient. Tous ces éléments, à quoi s'ajoute l'apport propre de l'auteur, ont été repris par Eusèbe dans son Histoire ecclésiastique (Liv. 3,4,5). Nous en savons assez, par les apports externes, pour percevoir l'homme, bien différent d'Ignace, que relèvent aussi ses deux lettres. Investi de la charge de presbytre, il fut un homme de l'Église universelle. Le livre de l'Apocalypse témoigne de sa fidélité et de son authenticité, lorsque le Christ félicite l'église de Smyrne, dont il est le presbytre.

8Envoyé par les églises d'Orient, il rendit visite au presbytre Anicet de Rome à propos de la date de Pâques, témoin des temps apostoliques que sa longévité rend de plus en plus vénérable. Polycarpe est un Chrétien dont la foi est inébranlable. “Tiens ferme, comme l'enclume sous le marteau”, lui écrit Ignace. D'une grande solidité, jusqu'au martyre d'une sérénité inimitable. Irénée nous dit que Polycarpe a écrit plusieurs lettres. Il ne reste de ce qui a été envoyé aux Philippiens, qu'un billet et une lettre. Le billet règle avec les Philippiens des affaires de correspondance juste après le passage d'Ignace.

9Dans la lettre, quelques années plus tard, Polycarpe console cette communauté éprouvée par la défection d'un de ses responsables. Le presbytre de Smyrne est solide en amitié, faisant garder mémoire du martyr qui a séjourné chez lui. Il est solide dans sa foi, dont la sûreté chrétienne est évidente. Il est solide dans le rappel du sérieux, pour tous, de la vie chrétienne. L'agencement, très équilibré, des diverses composantes de ce que Polycarpe a transmis après l'avoir reçu est surprenant. Etre une ''enclume '', quand il s'agit de l'appartenance au Christ, est aussi un don de l'Esprit.

10L'authenticité et la foi de la lettre de Polycarpe est donc à plus d'un titre indiscutable, et nous encourage à continuer de servir fidèlement tout comme les fidèles du passé. Il existe encore une importante lettre de Polycarpe adressée aux Philippiens, où tous ceux qui le désirent et qui ont leur salut à cœur peuvent apprendre en même temps et la frappe de sa foi et la prédication de la Vérité. - Irénée, HE 3,14-16

11‘’Et Polycarpe ? Non seulement, il a été instruit par les Apôtres et a vécu avec beaucoup de ceux qui ont vu Notre-Seigneur, mais c’est encore par les Apôtres que dans l’Église de Smyrne en Asie, il a été constitué évêque. Nous-même l’avons vu dans notre premier âge (car il a vécu longtemps et était tout à fait vieux lorsqu’il est sorti de cette vie par un très glorieux et illustre martyre). Or il a toujours enseigné ce qu’il avait appris des Apôtres, cette doctrine que l’Église aussi transmet et qui est la seule vraie. Toutes les Églises qui sont en Asie l’attestent, et tous ceux qui jusqu’à ce jour ont succédé à Polycarpe. Un tel homme est un témoin de la vérité autrement sûr et digne de foi que Valentin, Marcion, et tous les autres qui pensent de travers’’. - Irénée, HE 3.

12Par Eusèbe de Césarée, citant Irénée de Lyon : ‘’Je me souviens’’, écrit Irénée à Florinus, ‘’que quand j’étais encore enfant, dans l’Asie inférieure, où tu brillais alors par ton emploi à la cour, je t’ai vu près de Polycarpe, cherchant à acquérir son estime. Je me souviens mieux des choses d’alors que de ce qui est arrivé depuis, car ce que nous avons appris dans l’enfance croît dans l’âme, s’identifie avec elle : si bien que je pourrais dire l’endroit où le bienheureux Polycarpe s’asseyait pour causer, sa démarche, sa physionomie, sa façon de vivre, les traits de son corps, sa manière d’entretenir l’assistance, comment il racontait la familiarité qu’il avait eue avec Jean et les autres qui avaient vu le Seigneur. Et ce qu’il leur avait entendu dire sur le Seigneur et sur ses miracles et sur sa doctrine. Polycarpe le rapportait comme l’ayant reçu des témoins oculaires du Verbe de Vie, le tout conforme aux Écritures’’. - Eusèbe, sur Irénée

13La lettre ‘Martyre de saint Polycarpe’ : ‘’Lettre de l’Église de Smyrne à la communauté chrétienne de Philomelium et à toutes les chrétientés du monde appartenant à l’Église Universelle’’. Cette lettre authentique et admirable est écrite moins d’un an après le martyre. Au cours d’un voyage à Rome sous Anicet, Polycarpe convertit à l’Église de Dieu beaucoup des hérétiques dont il vient d’être question, proclamant qu’il n’avait reçu des Apôtres qu’une seule et unique vérité, celle-là même qui est transmise par l’Église. (Irénée, HE 3,14-18) Et Polycarpe lui-même, à Marcion qui s’avançait un jour vers lui en disant : ‘’Reconnais-moi’’ : ‘’Je reconnais, dit-il, le premier-né de Satan’’. - Irénée, HE 3,14-18

14Le bienheureux Polycarpe ayant fait un séjour à Rome sous Anicet, ils eurent l’un avec l’autre d’autres divergences sans importance, mais ils firent aussitôt la paix, et sur ce chapitre ils ne se disputèrent pas entre eux. En effet, Anicet ne pouvait persuader Polycarpe de ne pas observer ce que, avec Jean, le disciple de Notre-Seigneur, et les autres apôtres avec qui il avait vécu, il avait toujours observé ; et Polycarpe de son côté ne persuada pas Anicet de garder l’observance ; car il disait qu’il fallait retenir la coutume des presbytres antérieurs à lui. Et les autres choses étant ainsi, ils communièrent l’un avec l’autre, et à l’église, Anicet céda l’Eucharistie à Polycarpe, évidemment par déférence ; ils se séparèrent l’un de l’autre dans la paix ; et dans toute l’Église on avait la paix, qu’on observe ou non le quatorzième jour. - Irénée, Lettre au pape Victor, citée par Eusèbe, H.E. V, 24, 16-17.

15‘’Anicet ne pouvait pas persuader Polycarpe de ne pas observer ce que, avec Jean, le disciple de Notre-Seigneur, et les autres Apôtres avec qui il avait vécu, il avait toujours observé’’. – Irénée, Lettre au pape Victor, citée par Eusèbe, H.E. V, 24, 16.

16Lors d’une persécution qui éclata à Smyrne, sous le proconsulat de Statius Quadratus, l’évêque de Smyrne fut arrêté. ‘’A l’heure de son martyre, la foule en témoignera en vociférant : Le voilà, le docteur de l’Asie, le père des Chrétiens, le destructeur de nos dieux, qui par son enseignement empêche tant de gens de leur sacrifier, de les adorer’’. (Polycarpe MT, 12) Comme une vision, lui en avait fait la prophétie, il fut brûlé vif ; mais le feu ne consumant pas le corps, d’un coup de poignard, on acheva le vieillard. Selon la coutume païenne, la dépouille fut ensuite brûlée. Les chrétiens de Smyrne en recueillirent ensuite les ossements.


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